Terres promises au recyclage

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15 ans de carrière au sein d’Yprema, et une dizaine d’années en tant que directeur commercial, suffisent à François Przybylko pour jauger le marché grandissant de gestion des terres inertes en France. Depuis janvier 2020, il est également directeur général d’Yterres, filiale d’Yprema spécialisée dans l’évacuation des terres dont la solution numérique permet une traçabilité parfaite du chantier jusqu’à l’exutoire.

Vivre de ces terres

Créée en janvier 2020, Yterres a beau être une filiale d’Yprema, elle bénéficie d’une gestion autonome qui repose sur plus de 30 ans de savoir-faire. En effet, avant Yprema, il y eu Ypsa, société spécialisée dans le terrassement. “C’est en quelque sorte le précurseur d’Yterres, explique François Przybylko, le métier du terrassement est naturellement présent chez Yprema”. Depuis quelques années, le secteur doit faire face avec un durcissement de la règlementation autour de l’évacuation des terres d’un chantier. “C’est un sujet sensible à plusieurs titres, admet le directeur général. D’abord en raison des volumes à déplacer : les besoins sont de plus en plus importants et les exutoires de plus en plus rares. Il y a ensuite la notion de traçabilité et de sécurisation du stockage de ces terres dans des exutoires qui respectent la réglementation”. Face à des consignes plus précises sur le type de terres, le type de sols, et leurs destinations, les maîtres d’ouvrages ont besoin de faire appel à des acteurs sérieux pour l’évacuation des terres.

Une armée de terres

Auréolé du titre de “chantier du siècle”, le Grand Paris n’a fait que “pousser” sur ces notions de respect de seuils et caractérisation des terres. “Ses 43 millions de tonnes de terres liées à la réalisation du Grand Paris Express et des quartiers des futures gares constituent une pression qui s’exerce sur les volumes des terres excavées, reprend François Przybylko. Si à ce jour 15 millions de tonnes ont été extraites, ce chiffre ne réprésente qu’un quart du volume total à gérer”. Yterres n’a pas attendu pour mettre la main à la pâte. Le Gran dParis constitue 60% des terres qu’elle a prise en charge. La seule opération d’évacuation des terres issues de la construction du site de maintenance et de remisage d’Aulnays-sous-Bois aura représenté 70 000 t déplacées en 2020. Sur les chantiers de terrassement, Yterres tient ses promesses : respecter les cadences en termes d’évacuation, garatir des exutoires autorisés, et asurer la traçabilité numérique de ces déchets.

Rester terre-à-terre

“En Île-de-France, il semble qu’on ait beaucoup noirci le sujet de la traçabilité des terres, estime François Przybylko. C’est le modèle digital qui change la donne. Car la traçabilité en temps réel est désormais exigée. Or, les 15 millions de tonnes extraites du Grand Paris sont intégralement tracées”. Il existe aujourd’hui un consensus sur la responsabilité qui incombe les maîtres d’ouvrages de faire appel à de “bons” spécialistes. “Une attention particulière doit être portée sur les prix qui pourraient sembler un tantinet trop alléchants”, rappelle le responsable.

Des pied-à-terre bien pratiques

D’aucuns pourraient croire qu’Yterres, du fait de sa parfaite autonomie, mène seule sa barque. Il n’en est rien. Il existe des interactions entre Yprema et sa petite sœur. A commencer par François Przybylko, affublé de la double casquette de directeur général d’Yterres et directeur commercial d’Yprema, qui lui confère une vision à 360 degrés. “Le but est de créer des synergies, indique-t-il. Lorsqu’Yterres évacue des terres, Yprema peut ensuite approvisionner le chantier qui nécessite des matériaux, en cas de terres inutilisables”. La filiale s’appuie par ailleurs sur le laboratoire d’Yprema pour proposer des prestations de caractérisation réalisées par un géologue en interne.

Prise de terre puis toucher terre

La solution numérique sur laquelle repose l’expertise d’Yterres garantit une traçabilité dématérialisée du chantier jusqu’à l’exutoire. Le pad Solu-Terres est un outil utilisable sur chantier qui renseigne le nom du client, le type de terre, le nombre de camions immatriculés intervenant pendant l’opération, le numéro du DAP, et l’exutoire retenu. Relié à une imprimante portative, il génère un ticket muni d’un code barre qui fait office de bon de transport pour le transporteur se présentant à l’exutoire. Le même pad à l’exutoire permet de scanner le code barre et d’en sortir la fiche d’identité du chantier ainsi remontée sur le serveur Yterres. “Nous sommes en mesure de connaître le tonnage, le lieu d’origine et d’arrivée des terres. Une véritable traçabilité du point A au point B que l’on sait identifier”, résume François Przybylko.

L'expérience, sel de la Terre

A l’inverse de certains – tout jeunes – concurrents, Yterres présente un historique marqué par l’expérience d’Yprema. “Yterres est l’aboutissement de 30 ans d’Yprema, avec toute cette connaissance des terres, des exutoires et de la réglementation, considère François Przybylko. Nous ne sommes pas nouveaux sur ce marché. C’est en quelque sorte un retour aux sources de l’entreprise de terrassement Yves Prigent SA qui n’est plus en activité”. En plus de sa complète indépendance, la société se targue d’un savoir technique supérieur autour des besoins en matériaux sur un chantier. Elle peut en outre compter sur les 7 sites physiques d’Yprema de proximité en Ile-de-France, et la plateforme du Pluguffan, en Bretagne, pour y faire transiter les terres en vue d’être valorisées en matériaux. Reste qu’Yterres apporte une sécurité aux entreprises de BTP et aux maîtres d’ouvrages grâce à cette traçabilité garantie dont on sait qu’elle va encore s’intensifier ; l’ère du numérique étant encore à son tout début.

Partage des terres

“Les exutoires sont par ailleurs compliqués à trouver et à ouvrir. De ce point de vue, Yterres facilite la vie des entreprises en prenant en charge la logistique et l’administratif. Il y a donc de la place pour un vrai développement à moyen terme”, ajoute le responsable. Si l’entreprise collabore souvent avec les majors et autres grands groupes de BTP, elle ne visait pas forcément les grosses opérations. “Elle avait au départ vocation à servir les PME qui ne savent pas où aller”, rappelle François Prsybylko. Grandes ou petites, les entreprises se verront quoi qu’il arrive proposer un nouveau service à l’approche innovante dans le courant du premier semestre 2021. Yterres développe une solution de cotation en ligne des chantiers pour l’évacuation des terres. Les clients seront en mesure de connaître un estimatif de prix global de gestion, en fonction du tonnage par jour, via une application.

Source : Construction Cayola – Julia Tortorici – 11/03/2021

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